mardi 7 avril 2015

LSVT


Pour davantage d'explications en français sur cette méthode thérapeutique, voici un article bien documenté trouvé sur un site de patients parkinsoniens. 

"La LSVT a été conçue et mise au point par une ortho­pho­niste améri­caine, Lorraine Ramig, et son équipe. Elle porte le nom de Lee Silverman, première patiente sur qui elle a été expérimentée.
Après une diffu­sion d’abord aux Etats-​​Unis et au Canada, puis en Europe, elle a été intro­duite en France, en 2000, par la société LSVT Global. Elle est prati­quée par des ortho­pho­nistes ayant reçu une forma­tion spéci­fique et agréés par LSVT Global. Elle est prati­quée en France par plusieurs centaines d’orthophonistes.
Une méthode origi­nale : on a vu précé­dem­ment que chez le parkin­so­nien, la dysar­thrie se mani­feste par une baisse du niveau sonore vocal (hypo­phonie), une perte de la mélodie de la parole et une alté­ra­tion du timbre. La méthode LSVT, utilisée large­ment aux Etats Unis, en raison de sa simpli­cité et de son effi­ca­cité, est essen­tiel­le­ment une méthode de réédu­ca­tion vocale. Alors que les méthodes tradi­tion­nelles s’attachent surtout à la réédu­ca­tion du débit et de l’articulation, la LSVT privi­légie la réédu­ca­tion de la voix et son intensité.
Les prin­cipes de la LSVT : selon les concep­teurs de la LSVT, les troubles de la parole chez le parkin­so­nien sont dues aux raisons suivantes :
  • une réduc­tion globale de l’amplitude mise en jeu dans le méca­nisme de la parole (akinésie, rigi­dité, lenteur)
  • des troubles de la percep­tion senso­rielle (qui perturbent la proprio­cep­tion et le feed­back auditif). Le patient est persuadé de parler norma­le­ment alors qu’il est hypo­phone. Ces modi­fi­ca­tions de la percep­tion senso­rielle empêchent la mise en œuvre d’une inten­sité suffi­sante. Le patient est inca­pable de perce­voir et de contrôler son niveau sonore.
Dans la LSVT, l’orthophoniste s’attache à installer chez le patient une inten­sité forte et à réta­blir la percep­tion de l’énergie pour y parvenir.

Une séance LSVT : La réédu­ca­tion a pour but de lutter contre la dimi­nu­tion du volume vocal en s’efforçant d’augmenter la pres­sion sous-​​glottique et la stabi­lité de l’émission vocale. Le patient doit apprendre à parler fort et à se concen­trer sur l’effort volon­taire et sur l’intensité de sa voix : c’est la consigne unique. La LSVT est donc bien adaptée au parkin­so­nien qui ne fait bien qu’une seule chose à la fois.

Le plan­ning des sessions : La réédu­ca­tion est inten­sive pendant un mois et doit être effi­cace (condi­tion aux Etats-​​Unis pour être remboursé). Chaque session de réédu­ca­tion comprend 16 séances de 1 heure, à raison de 4 séances hebdo­ma­daires sur 4 semaines consé­cu­tives. Durant la session, le patient travaille tous les jours, 2 fois par jour. Les jours où il suit une séance chez l’orthophoniste, il travaille en plus seul à domi­cile 10 à 15 minutes. Les jours où il n’y a pas de séance, il fait, à domi­cile, des exer­cices deux fois par jour pendant 15 minutes. La méthode LSVT demande de l’énergie et la parti­ci­pa­tion active du patient. Toute défaillance est très vite constatée par l’orthophoniste. 

L’efficacité de la LSVT a été évaluée dès les années 90, aux Etats Unis puis en France à partir de 2002 dans l’étude multi­centre Météor. Cette étude a montré une amélio­ra­tion du score d’intelligibilité à la fin de la réédu­ca­tion, ainsi qu’une réduc­tion du score de handicap, amélio­ra­tions qui se sont main­te­nues 6 mois après la fin du trai­te­ment. Plus récem­ment, en 2009, une étude a été menée auprès de 29 patients parkin­so­niens, ayant pour objectif d’évaluer l’efficacité de la LSVT dans le cadre d’une prise en charge libé­rale en France, conduite dans les condi­tions courantes de travail des orthophonistes.
Les résul­tats de cette étude mettent en évidence une amélio­ra­tion globale signi­fi­ca­tive de la parole des patients, se retrou­vant dans chacune des carac­té­ris­tiques prin­ci­pales : qualité vocale, réali­sa­tion phoné­tique, prosodie, intel­li­gi­bi­lité et carac­tère naturel. Cette étude montre égale­ment que les amélio­ra­tions concernent tous les patients inclus, quels que soient la durée d’évolution de la maladie, le degré de sévé­rité de la dysar­thrie, leur âge et leur sexe (voir article de Favennec et Rolland Monnoury).

La LSVT en France :
La liste des ortho­pho­nistes agréés pour prati­quer en France la LSVT est publiée sur le site Internet de LSVT Global à la rubrique « search a clinician ».
En Mars 2010, on dénom­brait sur cette liste 182 ortho­pho­nistes agréés, assez inéga­le­ment répartis sur le terri­toire national. Plus de la moitié d’entre eux exercent surtout dans le Nord, le Pas de Calais et le Rhône, ainsi que dans les Bouches du Rhône, la Gironde, la Haute Garonne, l’Isère et l’agglomération pari­sienne. Les autres (environ 80) sont répartis très inéga­le­ment sur les autres dépar­te­ments, certains d’entre eux n’étant pas desservis.
Par exemple, en ce qui concerne les dépar­te­ments « CECAP », on y trouve un ortho­pho­niste agréé dans les dépar­te­ments 22, 29 et 50, mais aucun dans les dépar­te­ments 16, 19, 23, 35, 44, 56 ‚79 et 87. Excep­tion­nel­le­ment, on trouve 5 prati­ciens dans le dépar­te­ment de l’Hérault.
Il y a lieu d’ajouter que certains docu­ments trai­tant de la LSVT donnent un chiffre de 500 ortho­pho­nistes agréés en France (182 ou 500 ou entre les deux ?)
Exami­nons la popu­la­tion des ortho­pho­nistes fran­çais. Selon la Fédé­ra­tion Natio­nale des Ortho­pho­nistes, il y a en France environ 15000 ortho­pho­nistes (12000 en libéral et 3000 sala­riés, en parti­cu­lier en hôpital). Cela donne une densité moyenne de 25 ortho­pho­nistes pour 100000 habitants.
De l’analyse de tous ces chiffres, on peut tirer quelques constats:
  • depuis 2000, seule­ment quelque centaines (de 1 à 3 %) d’orthophonistes ont adopté la LSVT et ont obtenu l’agrément
  • le manque de spécia­listes LSVT risque de limiter l’accès aux sessions LSVT de beau­coup de patients et d’allonger les temps de prise de rendez vous
  • beau­coup de patients demeurent loin d’un ortho­pho­niste LSVT et les trajets jour­na­liers en voiture (de l’ordre de 150 km AR) provo­que­ront un supplé­ment de fatigue à des séances déjà fati­gantes par elles mêmes.
Pour­quoi cette pénurie ? On ne peut incri­miner les perfor­mances de la LSVT, dont l’efficacité parait établie dans la prise en charge de la dysar­thrie parkin­so­nienne. Peut être faut-​​il penser que certains ortho­pho­nistes hésitent devant les inves­tis­se­ments en forma­tion, en maté­riel, etc ?

4. Conclu­sion
Compte tenu des études menées aux États-​​Unis et en France, qui ont fait l’objet de nombreuses publi­ca­tions, il appa­rait que la méthode LSVT est tout à fait effi­cace dans le trai­te­ment de la dysar­thrie parkinsonienne.
Par contre, il y a une véri­table pénurie d’orthophonistes LSVT sur le terri­toire fran­çais, à l’exception de certaines grandes villes. Cela a pour consé­quence que cette méthode de réédu­ca­tion ne concerne pour l’instant qu’une petite mino­rité de patients."

Docu­men­ta­tion
Ce texte a été rédigé à partir de la lecture de deux articles très docu­mentés sur la LSVT parus en septembre 2009 dans le numéro 239 de la revue Réédu­ca­tion Ortho­pho­nique, de la FNO (Fédé­ra­tion Natio­nale des Orthophonistes)


  1. La prise en charge de la dysar­thrie parkin­so­nienne (LSVT) par Véro­nique Rolland — Monnoury
  2. Lee Silverman Voice Treat­ment — Expé­rience en libéral par Mélanie Favennec et Véro­nique Rolland-Monnoury
Rédigé par Jean Pierre LAGADEC, sur le site groupe parkinson 29



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